André Romus qui, en cinquante ans d’activité littéraire, n’a publié que des poèmes, nous livre ici un récit poignant, servi pas une langue simple et chatoyante.
Si l’enfance, avec ses colères, ses angoisses et ses espoirs est au cœur du questionnement, il s’agit plus d’en relever l’éternel présent que de proposer un recueil de souvenirs, de sentiments passés.
Ainsi, les situations sont restituées de l’intérieur, avec humour et tendresse et ce qui sourd, au fil de la lecture, ce sont les mouvements de ceux que l’auteur est parvenu à ériger, pour notre plus grand plaisir, en personnages.
Extrait
Tata me dit de ne pas rire tout haut.
Maman pourrait en effet se rendre au
deuxième étage et, intriguée par mes
gloussements, entrer dans la chambre de sa
sœur. Est-il arrivé, quand même, que ma
mère y pénètre soit par hasard, soit pour
apprendre la raison de mes rires et de nos
chuchotements ? Je ne crois pas qu’elle ait
jamais condamné ces jeux. Le décor
d’ombre et la présence des deux corps dans
le lit en pleine journée ne l’ont-ils pas
surprise, inquiétée, choquée ?
Toujours est-il que soit elle ne s’en
étonnait pas, soit elle ne croyait pas
judicieux d’interdire ce scénario, ou elle
n’osait pas s’opposer aux comportements de
sa sœur, ou enfin elle s’en foutait.