Quand il ne restera que nos jambes
Extrait:
Le leucome floue
Toute lumière alors se fait létale
Et ton regard seul en fait le leude
Se renvoie de garde, la page est sentinelle,
retient la goutte tombée des sudoripares
Ton front est l’encrier
Critique:
Philippe Cloes ” marche large “…
Tel un étalon débridé, il se lance au galop éperdu à la conquête des frontières ; celles qui se présentent, celles qu’il se met, celles qu’il veut dépasser à tout prix, en long, en large, horizontalement, verticalement, en épaisseur, en profondeur. Il s’y frotte, s’y cogne, s’y heurte, s’y écorche. Dans cette course folle, il s’essouffle, piétine, perd pieds … Comment canaliser et donner corps à cette énergie créatrice en effervescence ? Philippe Cloes trouve réponse partielle à cette question brûlante par l’expression artistique picturale ou plastique. Et puis viennent ces mots qui, ” malgré lui ” , le submergent, l’accablent. Des mots qui disent sa peur de l’immobile, de ce qui pourrait le figer, le cataloguer. Des mots qui disent sa quête frénétique de ce qui enfin le rassemblera.
Philippe Cloes choisit de ” marcher large “… Ses enjambées aux antipodes ne l’éloignent – elles pas justement de ce qu’il cherche avec nostalgie profonde ? On ressort essoufflé de cette soirée poétique, un peu comme si on avait parcouru un marathon où chaque pas, chaque mots nous mène, tout comme l’auteur peut-être, un peu plus proche de nous-mêmes…
Quand il ne restera que nos jambes… il nous restera le goût d’explorer encore d’autres chemins…
G. MASSART