Un visage parfois
Extrait:
Pour regarder la mort en face,
nous manquons d’yeux
à l’heure où c’est elle qui nous aveugle,
et nous manquons de mots
à l’heure où notre nom s’efface
entre les marges d’un poème.
Critique
“Quarante et un poèmes, répartis en deux sections, consignent les préoccupations sensibles d’un auteur apte à dévoiler clartés et tourments jusqu’à nous en rendre proches, quasi complices. Le « nous », le « vous », le« tu » déclinent cette fratrie revendiquée, brandie sous le sceau d’une écriture qui aime cerner la réalité à force de stèles de sens. Qu’on me saisisse bien, marteler n’est point claironner ni pontifier. L’art de Romus glisse ses atouts dans une forme souveraine. (…) Poèmes visités par les visages. Poèmes aussi éloignés de la vanité que du relâchement : l’hier convoque la réflexion métaphysique. Qui connaître? Quel temps mesurer? Quelle espérance édifier au su des jours gris? Parfois, le futur semble tracer un semblant de réponse, comme le peut-être le signe, à l’instar d’un Jaccottet (ce peu que je sais). Parfois « surgit un visage ». Une intime nostalgie des « étés bleus » s’ouvre sur des espaces sidéraux proprement sidérants (au sens quignardien).”
POESIE PANORAMA n°1/2010, Philippe Leuckx