Été n’est pas un recueil de poèmes ; c’est une sorte de biographie poétique où le vécu et le lu se mélangent, mais dans l’ordre. D’abord la vie, puis la littérature. Journal intime, réel et fantasmatique, ce texte se veut une ébauche de définition de la poésie : un livre d’images. De la chambre d’enfant, les souvenirs se révèlent, s’étirent, se mélangent, oscillent dans un espace où les cours du temps s’entremêlent, entre cloisonnement et ouverture, hier et demain. L’alternance des vers et de la prose, la temporalité hésitante dessinent une série de tableaux et d’aventures passés et à venir. Véritable invitation au voyage intérieur, été entraîne le lecteur au cœur des couleurs, lumières et odeurs du souvenir.
Extrait
À la pointe Drouot, à midi moins vingt
J’étais assis en terrasse au milieu des voitures.
Des passants me traversaient
Comme si je n’existais pas
Et suivaient leur route d’ombre
Sous le soleil ; j’ai voulu
Garder le ticket, preuve de mon passage
Sur terre. Mais sitôt l’addition réglée,
Le serveur s’empare de ma tasse vide
Et de sa main libre porte le reçu
À sa bouche et le dévore
Férocement tel Saturne ses fils.